Amandine (le nom a été changé à la demande de la personne) nous parle aujourd’hui de sa peur de l’accouchement, une peur très forte, presque panique, qu’elle ressent avant même de le vivre et avant même d’être enceinte…
Disclaimer
Que ce témoignage soit publié ou non, je tenais juste à poser par écrit ma souffrance, et me libérer des jugements, des incompréhensions que je vis venant de mes proches. Je tenais tout particulièrement à témoigner par le biais de La Mariée Hiboudeuse, j’apprécie Steffie tout particulièrement et je sais qu’elle saura faire preuve de compassion.
Je souhaite apporter mon témoignage sur un sujet relativement tabou : le traumatisme de l’accouchement et/ou de la grossesse, avant même de la vivre et d’être enceinte.
Des maux…
Je m’explique. Retour en 2010 – mon Moi a 15 ans et toutes ses dents. Ma maman travaille aux urgences gynéco comme auxiliaire puéricultrice, un travail relativement dur tant physiquement que mentalement pour elle. Il y a de jolies histoires, et de moins belles – parfois elle rentrait en larmes de son boulot, et lorsque j’ai atteins l’âge de 15-16 ans, elle a commencé à vider son sac sur moi.
Le souci, c’est que tous ses récits ont eu le don de me traumatiser littéralement de l’accouchement (rien que d’évoquer les mots « forceps » « épisiotomie » j’en ai des frissons tant l’idée me rend dingue). Je lis aussi beaucoup d’articles de médias, et récemment, c’est devenu l’explosion de témoignages qui montrent la réalité des choses, à savoir que l’accouchement ne se passe pas toujours comme prévu.
Pour vous dire, depuis mes 15 ans, je ne cesse de répéter à qui veut l’entendre que je déteste les enfants, et que je n’en aurai jamais – OUI je suis une féministe et je fais ce que je veux. Mais la vérité est tout autre… En réalité, j’ai toujours imaginé ma vie avec un enfant. Après des années de réflexion sur moi, je comprends enfin d’où vient le problème : je me suis volontairement fermée à l’idée d’avoir un enfant depuis mes 15 ans, par facilité peut être, et pour être sûre de ne jamais vivre d’accouchement.
… Sur lesquels on met enfin des mots
Mon Moi de 23 ans est actuellement propriétaire, avec un bon boulot dans lequel je m’épanouis, fiancée et très bientôt mariée. La suite logique serait de faire un enfant. Pas juste parce que la société me l’impose, mais parce que j’y pense de plus en plus. J’ai envie de me lancer dans cette aventure (en soi, toutes les conditions sont réunies pour accueillir un bébé dans l’amour, et s’assurer qu’il ne manque de rien !) mais je ne peux pas envisager sereinement ce projet tant que je ne serai pas passée au-dessus de ce traumatisme, de ce blocage…
Je tiens à témoigner car nous avons accès à beaucoup d’informations désormais sur Internet, et la parole est bien plus libérée au sujet des violences gynécologiques et du mal-être des femmes pendant la grossesse – mais malheureusement pas assez pour briser les tabous. Après des années d’introspective, je réalise que mon blocage ne passera qu’en en parlant, en allant discuter avec un psychologue, psychiatre ou gynécologue.
Pour autant, j’en ai parlé à quelques proches : ma mère, ma sœur, ma belle-sœur et bien sur mon futur mari. J’ai ressenti de la gêne venant de leur part, notamment ma sœur et ma belle-sœur, toutes deux déjà mamans. Effectivement, nous sommes loin du schéma « traditionnel », « facile » à se dire « tiens, et si on faisait un enfant ? », mon cas est particulier et j’ai besoin d’accompagnement, d’avoir confiance dans les professionnels de santé, d’un suivi tout particulier avant de me lancer.
J’ai aussi ressenti du jugement, de la part de ma mère. C’est difficile lorsque l’on sait qu’elle est en partie la raison de ce blocage.
Pendant longtemps Monsieur n’a pas compris, et pensait juste que je n’étais pas prête, ou que je voulais des enfants, mais pas avec lui (c’est fou comme les hommes rapportent tout à eux ! 😉 ). Il a parfois eu des propos blessants, ne prenant pas au sérieux le véritable mal-être qui se cachait derrière, ou en ne me soutenant pas quand je lui expliquais avoir besoin d’aide. Encore maintenant, je me sens moyennement soutenue, et j’espère pouvoir lui faire ouvrir les yeux sur le fait que toutes les femmes sont différentes.
Certaines seront sereines sur le sujet et pourront se lancer corps et âme dans le projet bébé sans même réfléchir à l’accouchement, l’envie d’enfant prenant le pas sur tout le reste, et d’autres auront besoin de temps, de réflexion et d’accompagnement…
Et maintenant ?
Il parait qu’il n’y a rien de plus naturel au monde que de donner la vie, pourtant j’ai l’impression que notre parcours est tout sauf naturel. Mon mal-être est psychologique, et je pense à toutes ces femmes dont le mal-être est physiologique, ou qui ne peuvent pas concevoir d’enfant parce que la loi ne les autorise pas. Nos histoires sont toutes différentes, faciles, naturelles ou non, et pourtant nous partageons une souffrance commune.
Aujourd’hui, je n’ai pas honte de le dire : j’ai démarré les démarches pour être suivie psychologiquement. Oui, j’ai besoin d’aide ; oui, notre projet bébé ne sera pas aussi facile que de dire « tiens, j’arrête ma pilule et on se lance ».
J’espère que cette thérapie saura m’aider et me réconcilier avec ces envies d’enfants, trop longtemps mises de côté… (la suite au prochain épisode ! 😊)
Je suis très touchée par Amandine qui a eu le courage de dire tout haut ce que certaines femmes pensent tout bas. J’ai longtemps eu peur de l’accouchement, et, au fil des années, l’idée faisant son chemin, cette frayeur s’est estompée pour ne pas dire disparaitre complètement. Au final, à la moitié de ma grossesse, je n’ai, pour l’instant, pas peur d’accoucher. Je ne sais pas si cela reviendra à l’approche du jour J, mais toujours est-il que je me dis que Minhibou est au chaud dans mon ventre et devra, tôt ou tard, forcément sortir (à terme, je l’espère bien ! ). Ce qui est sûr, c’est que cette peur est totalement légitime. N’hésitez pas à venir témoigner en commentaire de votre accouchement, ou de la frayeur que vous en avez.
[encartPerso]Vous souhaitez vous aussi témoigner sur votre ressenti face à la grossesse ? Vous pouvez dès maintenant consulter les modalités pour venir écrire un article sur le blog.[/encartPerso]
J’espère que cet article vous aura plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à cliquer sur le petit cœur en bas à gauche et/ou à me laisser un petit commentaire.
Je vous dis à tout bientôt dans un nouvel article 🙂
Muxu 🙂
Je comprends le ressenti de cette femme. On lit partout des récits qui peuvent être effrayants. Ou bien on voit des images qui peuvent nous faire peur.
J’aimerai juste dire à Amandine qu’elle a le droit de ressentir cette crainte. Qu’elle peut en parler et être accompagnée. Et comme elle le dit, il n’y a pas de honte à être aidée. Je suis persuadée que cela va lui faire du bien.
Il existe de nombreux moyens de penser un accouchement respectueux et heureux. On n’en parle pas de ceux là mais les accouchements orgasmiques existent aussi… Ca ouvre le champ des possibles 😉
Plein de pensées pour elle qui souhaite devenir maman. <3
Merci Charlotte pour ton commentaire qui dédramatise vraiment l’accouchement.
Effectivement, les gens ont tendance à étaler leur malheur. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est vrai. Pour la petite histoire, ma chef m’a raconté tout le détail de son accouchement « horrible » alors que je lui ai dit que je ne voulais pas savoir. Mais il fallait que ça sorte 😉 . Bref, c’est bien de parler quand ça ne va pas, mais c’est aussi important de dire quand ça va ! Car la majorité du temps ,c’est le cas. En tout cas, clairement, Amandine ressent une crainte totalement justifiée par ce que l’on peut entendre et je trouve que se faire aider est courageux et vraiment une solution qui l’aidera à avancer 🙂
Superbe témoignage qui m’a beaucoup parlé. J’appréhendais un peu l’accouchement mais pas au point que cela ne freine mon envie d’enfant. Sauf que plus la date du terme approchait, plus je paniquais et me disais que n’y arriverais jamais alors que mon bébé grandissait dans mon ventre. Mon conjoint, ma famille et mes amies me disaient de relativiser, que des millions de femmes y étaient passé avant moi mais cette peur me réveillait la nuit et me donnait une boule au ventre quand elle s’insinuait dans mon esprit. Le jour de mon accouchement (césarienne programmée car bébé en siège), j’ai failli quitter l’hôpital tellement j’étais en panique alors que je savais pourtant bien rationnellement que je n’avais pas le choix. Pour couronner le tout, j’étais une grossesse « à risques » parce que j’avais un placenta bi partita, un cordon pas super rien inséré dans le placenta et un cotyledon. Rien que d’y penser je ressens encore la panique que je ressentais. Pour m’aider, les sages femmes ont planifié pour moi des séances d’hypnose et d’acupuncture et le jour de la césarienne mon conjoint a pu venir avec moi. Au final mon accouchement s’est bien passé et je suis la maman comblée d’un petit Jules de 4 mois mais il est vrai que même si je veux d’autres enfants, un petit coin dans ma tête a toujours cette conscience aiguë du moment de l’accouchement. Pour ma prochaine grossesse, je pense refaire des séances d’hypnose et d’acupuncture et aussi me faire accompagner en amont par un psychologue pour être au mieux préparée. Je pense qu’au fond ce qui est important c’est d’être au clair dans sa tête sur ce qui est le plus fort entre le désir d’enfant et la peur. Je souhaite tout le courage du monde à Amandine et espère de tout cœur qu’elle pourra passer par dessus cette phobie
Angélique,
Je te remercie pour ton témoignage qui m’a beaucoup émue.
Effectivement, je pense qu’une thérapie peut vraiment aider à travailler sur cette peur et à arriver à ce qu’elle ne nous domine pas. L’idée de faire de l’hypnose et de l’acupuncture est géniale 🙂 Je la garde en tête car, même si pour l’instant je n’ai pas peur, je sais que je suis du genre à enfouir ce qui ne me convient pas, et il est fort probable qu’à l’approche du terme, je commence à stresser 😉 .
Merci vraiment pour toutes ces pistes qui pourront aider beaucoup de personnes !
En tout cas, félicitations pour ton petit Jules. Je te/vous souhaite beaucoup de bonheur 🙂
Merci pour ces confessions. Tu as eu le courage de te dire que tu avais besoin d’aide et c’est déjà un bel effort sur toi même. Il n’y pas de honte a ressentir, les professionnels de santé sont là pour nous aider. Je suis sûre que ce suivi t’aidera à te sentir mieux et appréhender ce projet bébé dans les meilleurs conditions possibles. Si ça peut te rassurer nous avons toutes peur de l’accouchement (à des degrés différents), mais il faut arriver à passer outre pour se concentrer sur le bonheur qu’on va ressentir en rencontrant notre bébé. Bon courage dans ce parcours de reconstruction et bonne continuation.
Merci Émilie pour ton gentil mot pour Amandine. Effectivement, je pense que nous avons, dans le fond, toutes peur de l’accouchement. Que l’on s’en rende compte avant ou lorsque la date approche, cela reste de l’inconnu, même après un premier enfant vu qu’aucun accouchement ne se ressemble. Je dis toujours de ne SURTOUT pas écouter les récits catastrophe des autres !
Bonjour,
Je me permets de laisser un petit mot à la personne qui a raconté cette histoire via ce blog.: ton mal-être porte un mot, la tokophobie. Je le sais parce que je suis moi-même atteinte de cette phobie. J’ai 35 ans, je suis la maman d’un petit garçon de 2 ans et mon parcours a été très compliqué. J’ai une peur panique de la grossesse et de l’accouchement depuis mon adolescence sans savoir d’où ça vient. J’ai vu psy et compagnie et même le temps n’y a rien changé. C’est grâce à l’hypnose thérapeutique que j’ai réussi à surmonter ma phobie pour avoir (enfin) mon amour de bébé et j’en suis très fière.
Je me permets également de laisser le lien de mon article où j’explique toute mon histoire sur cette pathologie et comment je l’ai surmonté, ça pourrait peut-être aider d’autres personnes: http://www.mabullecosmeto.com/archives/2017/05/31/35336255.html
Je te souhaite tout pleins de bonnes ondes « Amandine », n’hésite pas à me contacter via mon adresse mail (mabullecosmeto@hotmail.fr) si tu as envie de papoter avec quelqu’un dans la même situation que toi <3
Biz
Nat
Nat,
Je te remercie vraiment de ton commentaire qui, je suis sure, parlera à Amandine. C’est vraiment courageux de ta part d’avoir pu en parler ici et dans ton article que je vais aller lire de ce pas. Je te remercie de l’avoir partagé.
Au final, tu as su surmonter cette peur pour mettre au monde ton petit garçon 🙂 . Je suis vraiment heureuse de lire que l’hypnose thérapeutique t’a aidé à surmonter tes angoisses.
Belle soirée à toi, et si tu veux témoigner ici d’un aspect de la grossesse ou de l’accouchement, ou de ta tokophobie, n’hésites pas, ce sera avec plaisir que je te publierai 🙂 .